Ouverte le 8 mars dernier, la campagne sur l’élection des députés à l’Assemblée nationale, dont le premier tour est prévu pour le 29 mars prochain bas son plein à Bamako. À l’occasion de cette campagne électorale, la capitale Bamako affiche un visage de désordre, à cause des affichages des anarchiques des futurs députés et leurs supporters en dépit d’une décision du gouverneur du District de Bamako, déterminant les emplacements réservés à cet effet.
A peine l’ouverture de la campagne, un véritable désordre s’est installé dans la ville de Bamako où les affichages de messages de campagne inondent les coins et les recoins de la capitale et au-delà, des autres grandes villes du pays : le long des routes sur les poteaux électriques, les feux de signalisation de la circulation et dans les espaces publics, en dehors des espaces légalement réservés à cet effet par les autorités de la capitale.
Dans la une décision n° 0223/GDB.CAB en date du 11 février 2020, Portant détermination des emplacements spéciaux réservés aux affichages électoraux à l’occasion de l’élection des députés à l’Assemblée nationale de 2020, le Gouverneur du District avait visiblement pris le devant.
Malgré la transmission de cette décision des autorités aux états-majors des partis politiques de la place et aux candidats avant l’ouverture de la campagne, force est de constater qu’aucun n’endroit de la capitale n’est épargné par nos chers candidats.
Une situation qui rappelle une autre bien plus triste à Sabalibougou, un quartier populaire de la CV du district de Bamako où les murs du cimetière étaient aussi convoités que les poteaux électriques en 2016.
À l’occasion de ces élections législatives du 29 mars, les voies, les places publiques, les panneaux de signalisation de la circulation routière, les murs des domiciles privés sont tous convoités par les hommes politiques.
Un comportement qui laisse peu de doute sur le fait que nos futurs honorables députés n’ont aucun respect pour le cadre de vie des citoyens. Ceux-là mêmes dont ils viennent solliciter le suffrage.
Si la décence et la morale politiques nous recommandent d’épargner certains lieux pour afficher surtout en période de campagne, la loi nationale également ne nous l’encourage guère.
Selon l’article 77 de la loi électorale : « Pendant la durée de la campagne électorale, des emplacements spéciaux seront réservés dans chaque commune ainsi qu’aux abords de chaque bureau de vote, pour l’apposition des affiches électorales, par le représentant de l’État dans la commune et dans le district de Bamako. Dans chacun emplacements, une surface égale est attribuée à chaque liste de candidats. Tout affichage relatif à l’élection, même par affiche timbrée, est interdit hors de ces emplacements. Dans le cas de l’application de la présente disposition, le représentant de l’État prend un règlement de police qui définit les sanctions administratives ».
L’article 78 de la même loi stipule : « Les emplacements sont attribués par ordre d’arrivée des demandes qui doivent être formulées au plus tard sept jours avant le début de la campagne électorale ».
Qui a donc autorisé à ces responsables politiques, les affichages anarchiques de leurs messages de campagne ? Que font alors les citoyens des lois de la République ?
En tout cas, si c’est les futurs députés qui torpillent comme cela les lois, il y a lieu de s’interroger sur le futur de notre pays qui fait face à de gros défis.
Par Abdoulaye OUATTARA
INFO-MATIN